LA SOLITUDE
Léo Ferré
Je
suis d'un autre pays que le vôtre
D'un
autre quartier, d'une autre solitude.
Je
m'invente aujourd'hui des chemins de traverse.
Je
ne suis plus de chez vous, j'attends des mutants.
Biologiquement
je m'arrange avec l'idée
Que
je me fais de la biologie: je pisse, j'éjacule, je pleure.
Il
est de toute première instance que nous façonnions nos idées
Comme
s'il s'agissait d'objets manufacturés.
Je
suis prêt à vous procurer les moules.
Mais...
La solitude... La solitude...
Les
moules sont d'une texture nouvelle, je vous avertis.
Ils
ont été coulés demain matin.
Si
vous n'avez pas dès ce jour, le sentiment relatif de votre durée,
Il
est inutile de vous transmettre, inutile de regarder devant vous car devant
c'est derrière
La
nuit c'est le jour.
Et..
La solitude.. La solitude..
Il
est de toute première instance que les laveries automatiques
Au
coin des rues,
Soient
aussi imperturbables que les feux d'arrêt ou de voie libre.
Les
flics du détersif vous indiqueront la case
Où
il vous sera loisible de laver
Ce
que vous croyez être votre conscience
Et
qui n'est qu'une dépendance de l'ordinateur neurophile
Qui
vous sert de cerveau.
Et
pourtant... La solitude... La solitude...
Le
désespoir est une forme supérieure de la critique.
Pour
le moment, nous l'appellerons «bonheur»
Les
mots que vous employez n'étant plus «les mots»
Mais
une sorte de conduite à travers lequels
Les
analphabétes se font bonne conscience.
Mais...
La solitude... La solitude...
Le
Code civil nous en parlerons plus tard.
Pour
le moment, je voudrais codifier l'incodifiable.
Je
voudrais mesurer vos danaïdes démocraties.
Je
voudrais m'insérer dans le vide absolu et devenir le non-dit,
Le
non-avenu, le non-vierge par manque de lucidité.
La
lucidité se tient dans mon froc!
Dans
mon froc!
***
SOLITUDE
Léo Ferré
I
am from a different country than yours,
From
a different neighborhood, from a different solitude.
Today
I invent myself new side roads.
I’m
no longer one of you, I’m waiting for the mutants.
Biologically
I’m settling for the idea
That
I’m made up by biology: I piss, I ejaculate, I cry.
It’s
from the very first instance that we made our ideas
Like
if we were talking about manufactured objects.
I
am ready to provide you with the molds.
But...
solitude... solitude...
The
molds have a new texture, I must warn you.
They
were cast tomorrow morning.
If
you haven’t up until this day the relative sentiment of your lasting,
It
is futile to transmit it to you, futile to look past you for what’s ahead is
behind
Night
is day.
And...
solitude... solitude...
It
is at first instance that our automatic washing machines
At
street corners,
Be
as imperturbable the lights that decide if you’re stopped or clear.
The
cops from the cleaners will show you the one
Where
it would be permissible for you to wash
That
what you believe to be your conscience
And
what isn’t an addiction to the neuro computer
That
acts as your brain.
And
yet... solitude... solitude...
Despair
is a superior form of critique.
For
now, we’ll call it: “happiness”
The
words that you use no longer being “the words”
But
a way of traveling through which
The
illiterate obtain a clear conscience.
But...
solitude... solitude...
The
Civil code we will talk about later.
For
now, I would like to codify the uncodifiable.
I
would like to measure your Danaïde democracies.
I
would like to insert myself into the absolute void and become the unspoken,
The
nonexistent, the nonvirgin by lack of lucidity.
Lucidity
is in my pants!
In
my pants!
Texte : Léo Ferré
Album : La Solitude
(1971)
Genre : Spoken words,
Rock Progressif
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